La
noblesse dans l’histoire bretonne
- Si du temps des Ducs de Bretagne
la petite et moyenne noblesse bretonne (qui constituait
la grande majorité des familles nobles) a toujours
manifesté une grande loyauté envers ses
souverains bretons notamment en périodes troublées,
la haute noblesse bretonne (quelques dizaines de familles
influentes) traditionnellement francophile car possédant
de nombreuses terres en territoire français a
souvent intrigué contre le pouvoir ducal avec
l’appui des souverains français.
- Pendant les deux siècles et
demi d’autonomie au sein du Royaume de France (1532-1789),
la noblesse bretonne siégeant au Parlement de
Bretagne a gouverné la Bretagne et défendu
vigoureusement les droits particuliers de la province
contre les pressions du pouvoir royal notamment sous
la monarchie absolue de Louis XIV.
- Sous le règne de Louis XVI
un nombre conséquent d’officiers nobles bretons
de la Marine Royale prirent part tant aux grandes expéditions
et découvertes maritimes (La Pérouse,
Kerguelen) qu’à la Guerre d’Indépendance
des insurgés américains contre les Anglais.
- Au début de la Révolution
Française, le grand tort de la noblesse bretonne
fut de refuser de se rendre à Versailles à
la convocation des Etats Généraux (en
protestation du doublement des représentants
du Tiers-Etat au Parlement de Bretagne) : elle ne put
donc influer sur le cours des événements
de l’été 1789 notamment au cours de cette
fameuse nuit du 4 Aout ou furent abolies les droits
particuliers de la Bretagne.

- Devant les dérives révolutionnaires
nombre de nobles bretons émigrèrent en
Angleterre ou ils constituèrent une partie importante
de l’armée d’émigrés qui débarqua
en Juin 1795 en terre bretonne dans la presqu’ile de
Quiberon : 750 d’entre eux dont Monseigneur de Hercé
(dernier évèque de Dol) seront fusillés
après l’échec de cette expédition
malgré une reddition qui leur garantissaient
la vie sauve.
Au
XIX ème siècle
- Au XIX ème siècle ce
sont principalement des aristocrates bretons (Le
Gonidec de Kerdaniel, Théodore Hersart de La
Villemarqué, Jean-Marie de Penguern, Aymar de
Blois, Jean-François de Kergariou, Madame de
Saint-Prix, Vincent Audren de Kerdrel) qui,
à l’origine de la collecte de la très
riche tradition orale du pays bretonnant, contribuent
au renouveau de la littérature bretonne.
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Théodore
Hersart de la Villemarqué de Cornouaille
("Kervarker"
e brezhoneg : 1815 - 1895)
"Désormais,
en Bretagne, rien ne sera plus comme avant : grâce
au Barzaz Breiz (de Théodore de
la Villemarqué dont le recueil bilingue
s'adressait au monde lettré de la capitale)
une langue de paysans et de gueux, si
longtemps méprisée et dépréciée,
va subitement conquérir honneurs et dignité"
(propos de l'etnologue Donatien
Laurent qui a consacré une thèse
universitaire sur les sources du Barzaz Breizh) |
- Jusqu’au début du XXème
siècle la noblesse bretonne exerça encore
une grande influence sur la vie politique en Bretagne
en fournissant notamment un grand nombre de maires,
conseillers généraux et députés
traditionnellement catholiques et royalistes

En
Janvier 1919
Au lendemain de la Grande Guerre,
c'est le Marquis de l'Estourbeillon, Président
de l'Union Régionaliste Bretonne, qui
défend les droits de ses compatriotes bretons
devant les délégués de la Conférence
de la Paix :
"Monsieur le Délégué,
les Bretons soussignés, profondément attachés
à leur grande patrie : la France, mais interprètes
fidèles des sentiments de l'âme bretonne,
considérant comme le plus sacré de leur
devoirs de conserver et de faire valoir l'héritage
de leurs pères ... donnent leur plus complète
adhésion aux idées émises et au
principe posé et défendu par leur compatriote,
M. de l'Estourbeillon, Député du Morbihan,
relativement au droit des langues et aux libertés
des peuples ...
Prient MM. les délégués
de la Conférence de la Paix, membres de la Commission
de la Sociétés des Nations, de reconnaître
pour chaque peuple et de proclamer comme primordiaux
et désormais intangibles, les droits qui y sont
énoncés, consacrant à jamais ses
libertés essentielles."
"Cette pétition réunissait
les signatures de huit cents personnalités, notamment
celles des évêques bretons et de nombreux
parlementaires de toutes opinions ... De nombreuses
délégations (iitalienne, américaine,
uruguayenne, belge, serbe, néo-zélandaise,
polonaise) y sont favorables. Mais la pétition
ne reçoit en haut lieu aucune considération"
(Yvonig Gicquel)
En
Octobre 1942
Le Préfet Régional de
Rennes, crée le Comité Consultatif
de Bretagne "dans le but de faire
pièce au séparatisme" en lui
opposant le régionalisme : on y retrouve parmi
la vingtaine de membres qui le composent de nombreux
membres de la noblesse bretonne dont le Marquis de l'Estourbeillon,
les Comtes Edgar de Kergariou et Hervé Budes
de Guébriant ainsi que MM des Cognets, de la
Gatinais et du Fretay :
- Sur le plan politique, le Comité
Consultatif de Bretagne n'obtiendra jamais du régime
de Vichy la réunification administrative de la
Bretagne à cinq départements et la mise
en place d'un ambitieux projet de Statut pour
la Bretagne
- sur le plan culturel,
le Comité Consultatif de Bretagne obtient cependant
pour la première fois en France l'autorisation
de l'enseignement facultatif du breton en primaire ainsi
que de l'Histoire de Bretagne ...

Les membres du Comité
Consultatif de Bretagne posant le 15 Juillet 1943 au
Chateau de Josselin en compagnie de leurs hotes : le
Duc et la Duchesse de Rohan
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